Un court métrage sur Alzheimer en compétition au Nikon Film Festival
Une note d’espoir est un court métrage réalisé par Antoine Lacroix, mettant en scène la maladie d’Alzheimer dans ce qu’elle a de plus dramatique et de plus bouleversant. Le film a été réalisé à la résidence Edith Piaf à Paris. Rencontre avec le réalisateur…
Bonjour Antoine, la perte de la mémoire et de l’histoire qui nous lie les uns aux autres est un sujet presque tabou tant il fait peur. Pourquoi l’avez-vous choisi pour votre court-métrage ?
Antoine Lacroix : Le thème du festival cette année est "un super-pouvoir". Je n’avais pas envie de parler de super-pouvoirs imaginaires, mais de quelque chose d’ancré dans le réel, profondément humain. Ce choix s’est imposé à moi en repensant à une expérience marquante d'il y a une dizaine d’années. Pendant mes études, j’ai travaillé dans une unité spécialisée pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Là, j’ai vu à quel point la musique pouvait transformer les visages de ceux qui semblaient enfermés dans leur silence, dans leur absence au monde. Je me souviens d’une aide-soignante qui dansait avec un patient que je n’avais jamais vu sourire. Son visage s’était illuminé d’une manière que je n’oublierai jamais. J’étais également bouleversé de voir des patients, incapables de se souvenir de moments précis, être profondément émus par une mélodie, revenant à eux-mêmes, le temps d’un instant.
Ce court-métrage est donc un hommage à ces petits miracles, à ces instants suspendus que le dévouement des soignants et la puissance de la musique rendent possibles. Mon grand-père avait aussi la maladie d’Alzheimer, et je pense que dans les yeux de Lisa, je revois un peu de ses sourires.
Comment s’est passé la préparation des acteurs pour le tournage, ont-ils été accompagnés ou se sont-ils « préparés » à aborder la thématique ?
A. L. : La préparation la plus exigeante était celle de Lisa Liviane, qui incarne le rôle de la personne atteinte de la maladie. Par chance, elle avait déjà côtoyé de très près des patients atteints d’Alzheimer lorsqu’elle se rendait régulièrement à l’hôpital. Elle m’a confié avoir eu de nombreuses conversations avec une patiente à laquelle elle s’était beaucoup attachée.
Son talent d’actrice, nourri par son sens aigu de l’observation et sa capacité à puiser dans les émotions du réel, a fait le reste. J’ai été particulièrement impressionné par son interprétation, à la fois juste et émouvante. C’est d’ailleurs elle qui a proposé une idée marquante pour le film : refuser la première accolade avec son mari, un choix qui apporte une profondeur supplémentaire à la scène. Son jeu a permis aux deux autres comédiens de ressentir toute la fragilité du moment et de la scène.
Vous avez tourné dans une de nos résidences. Pourquoi cet établissement ? Comment s’est passé le tournage ?
A. L. : J’ai choisi de tourner dans cette résidence pour plusieurs raisons. Tout d’abord, son emplacement était pratique, étant située à seulement 20 minutes de chez moi. Ensuite, en découvrant les photos des lieux, j’ai immédiatement trouvé que l’atmosphère correspondait parfaitement à ce que j’avais imaginé pour le film. Enfin, le nom de la résidence, Edith Piaf, a été une sorte d’évidence pour un projet qui met en avant les bienfaits de la musicothérapie. Le tournage s’est déroulé dans des conditions idéales grâce à l’incroyable accueil de l’équipe et du personnel. Ils nous ont reçus avec beaucoup de gentillesse et de disponibilité, même tard dans la nuit, en nous accompagnant à chaque étape. Ils ont même pris en charge quelques imprévus, comme éloigner un groupe de jeunes qui faisait du bruit devant l’établissement. Leur soutien a été essentiel, et je leur en suis profondément reconnaissant. L’ambiance dans la résidence était tout simplement remarquable. Chaque membre du personnel nous a accueillis avec un sourire, et les patients semblaient épanouis, ce qui reflète la belle énergie qui règne ici. C’est un lieu chaleureux qui a grandement contribué à la réussite du tournage.
Bravo pour ce beau film, Antoine !
Pour voter pour le court-métrage, rendez-vous sur ce lien. Vous avez jusqu’au 20 mars pour le faire !