Une étude sur les médicaments indiqués pour les résidents souffrant de la maladie d’Alzheimer
Au mois de juin dernier, emeis a publié une étude sur le lien entre la prise de médicaments spécifiques de la maladie d’Alzheimer et la mortalité parmi ses résidents atteints de trouble neurocognitif majeur dû à une maladie d’Alzheimer. Décryptage…
Les troubles neurocognitifs : de quoi parle-t-on ?
Les troubles neurocognitifs (TNC) se traduisent par le déclin lent et progressif des fonctions cognitives, principalement la mémoire, l’orientation dans l’espace et dans le temps, l’attention, le jugement ou le langage. Différentes maladies peuvent en être responsables, maladie d’Alzheimer en tête, mais aussi les maladies cérébrovasculaires, la maladie à corps de Lewy et la maladie de Parkinson, ainsi que les dégénérescences frontales. L’atteinte de ces capacités cognitives entraîne également une perte d’autonomie – ils sont alors qualifiés de TNC majeurs (ou démence), souvent des modifications comportementales, et sont une des principales raisons d’entrée en maison de retraite.
Selon l’OMS, plus de 55 millions de personnes sont atteintes de troubles cognitifs majeurs dans le monde, avec 10 millions de nouveaux cas chaque année. Le nombre d'individus affectés pourrait doubler d'ici 2040. Par ailleurs, 60 à 70 % des individus atteints de TNC majeurs ou démence souffriraient de la maladie d'Alzheimer.
Prendre en soin une personne affectée par la maladie d’Alzheimer ou maladie apparentée
A ce jour, il n’existe pas de traitement curatif contre ces maladies neuroévolutives. Il est toutefois possible de retarder l’aggravation des symptômes et de maintenir une certaine qualité de vie en proposant de multiples actions complémentaires : promotion de l’activité physique quotidienne, d’une alimentation équilibrée, ainsi que de nombreuses interactions sociales et activités cognitives stimulantes.
La lutte contre les facteurs de risque cardiovasculaires (hypertension artérielle, diabète, tabagisme, sédentarité, hyperlipidémie) permet en outre de prévenir certains dommages causés au cerveau, et donc de limiter l’aggravation des troubles cognitifs d’origine vasculaires, mais aussi de la maladie d’Alzheimer. Outre les thérapies psychosociales citées précédemment, certains médicaments spécifiques de la maladie d’Alzheimer peuvent avoir un effet bénéfique, certes modéré mais significatif, sur les troubles cognitifs de certains patients :
- les inhibiteurs de la cholinestérase comme le donépézil, la galantamine et la rivastigmine,
- les antagonistes des récepteurs NMDA comme la mémantine.
Une grande proportion des résidents vivant en maisons de retraite présente un trouble neurocognitif majeur traité par ces médicaments spécifiques de la maladie d’Alzheimer, mais leur effet est mal connu dans cette population. emeis s’est donné pour objectif d’étudier l’effet de ces médicaments sur la mortalité parmi ses résidents en France.
Une étude sur les données de l’ensemble des maisons de retraite
L’étude, publiée en 2024, a porté sur 25 358 résidents atteints de troubles neurocognitifs majeurs admis dans 229 maisons de retraite françaises depuis le 1er janvier 2014, à partir de données anonymisées : âge, sexe, niveau de dépendance, indice de comorbidité(s), score du Mini Mental Status Examination (MMSE) à l'admission et leur exposition aux médicaments spécifiques de la maladie d’Alzheimer.
Cette étude révèle que l'utilisation de médicaments spécifiques de la maladie d’Alzheimer chez les résidents présentant un trouble neurocognitif majeur dû à la maladie d’Alzheimer est associée à une mortalité plus faible, ceci indépendamment de l’âge, du sexe et des maladies associées. Les quatre molécules concernées présentaient un effet positif sur l’espérance de vie. Aucune étude à grande échelle de ce type n’avait auparavant documenté un tel lien, ce qui justifie sa publication dans une grande revue internationale.
En faisant avancer la recherche, emeis participe à l’intelligence collective dont le monde médical a besoin pour faire face aux défis de demain.